Comment ?

LE CLUBS SUR MESURE,  COMMENT ?  

L’élaboration de clubs sur mesure va bien au delà du « fitting », proposé maintenant de toutes parts, et qui est, aux clubs de golf, ce que, pour l’habillement,  la confection avec retouches est au sur mesure.

 A  entrer dans tous les détails des réglages possibles, on lasserait  cependant vite le lecteur aussi, avons-nous pris le parti d’aller à l’essentiel.

L’objectif du clubmaker  est de réaliser, pour un golfeur donné,   un  ensemble de  clubs  adapté à sa morphologie,  à son swing,  à sa capacité athlétique,  à ses objectifs ,  où  tous les compartiments du jeu seront efficacement couverts, avec les meilleurs sensations,  comme avec le  plus d’efficacité et de facilité  possibles.

A cette fin, l’analyse de la morphologie est, bien entendu, un point de passage obligé, une condition certes nécessaires, mais qui est loin d’être suffisante.

Le fil directeur  repose sur les sensations et l’analyse statistique qui, évidemment, doit se faire avec le golfeur et à l’aide d’un « Launch Monitor », (matériel permettant l’analyse des mouvements du club ainsi que du vol de la balle) . Cette analyse, ne peut en aucun cas se faire à l’aide s’un simple questionnaire à distance.

Les sensations, car, sans bonnes sensations il n’y a jamais durablement de bon jeu, alors qu’avec de bonnes sensations, la répétition du même geste devient de plus en plus naturelle.

L’analyse  statistique, car tout le golf est basé sur les lois de probabilités et les statistiques.  Comme nous avons déjà eu l’occasion de le dire, ce qui compte, dès que l’on parvient à un certain niveau, beaucoup plus que les bons coups, c’est la diminution des mauvais coups, ou, en d’autre termes, la réduction  de l’écart probable, celui que l’on aura cinquante chances sur cent de ne pas dépasser,  par rapport au point médian que l’on atteint avec un club donné. Si l’on parvient à réduire cet écart, avec chaque club, du putter au driver, le score s’améliorera mécaniquement.

De là découle toute la méthode.  Tout d’abord, on  déterminera, à partir d’un protocole d’analyse rigoureux, et  pour chaque type de club, celui qui donnera les meilleurs résultats en termes de sensations, trajectoires et  régularité. Ce club sera alors la référence  (tête, shaft, grip, longueur, lie, loft, poids, moment d’inertie) autour de laquelle les  autres seront harmonisés.

des clubs harmonisés

Cette deuxième phase, celle de l’harmonisation, est déterminante, comme on l’a vu à la rubrique « Des clubs sur mesure pourquoi ? ». En effet, la spécificité du jeu de golf est qu’il est le seul  sport de balle  à être joué avec plus d’un instrument,  et c’est ce qui en fait, en grande partie, la difficulté, tant dans l’apprentissage que dans la pratique.  Prenons  par exemple une série standard :  chaque fer exigera une posture différente à l’adresse, et donc un plan de swing différent,  chaque fer aura un moment d’inertie différent, ce qui signifie qu’il ne « tirera » pas sur les poignets de la même façon et accélèrera également de façon différente au moment du désarmement,  et,  trop souvent, chaque shaft réagira également de façon différente.   Dans ces conditions, il y aura  une difficulté évidente  à surmonter par  le golfeur  chaque fois qu’il passera  d’un club à l’autre,  mais, et c’est encore  plus lourd de conséquences, il est une autre difficulté, qui est que le cerveau du golfeur ne parviendra pas à graver la posture et le swing qui conviennent… puisque, précisément, il en faudra qu’ils soient différents pour chaque club.

Tout découle de ces prémices, et de cette ligne directrice. Et c’est en agissant de façon méthodique sur les, environ, quarante variables qui interfèrent entre la morphologie, le swing et les composants  que l’on devra parvenir au résultat visé. Ceci nécessite une connaissance approfondie, tant théorique que pratique des différents réglages possibles, et de leurs incidences sur la distance, la précision, la régularité, les trajectoires et les sensations.  Cela dit, il arrive que l’on soit  confronté à de véritables énigmes que, parfois, seul le concours d’autres clubmakers et de pros permettront de résoudre d’où l’importance, pour  tout  clubmaker, de travailler en relation avec un réseau de confrères et de professionnels de golf  chevronnés avec lesquels il pourra toujours échanger et grâce auxquels sa compétence ne cessera de s’améliorer au fil de l’expérience accumulée.

Mais revenons sur quelques éléments clés du sur mesure professionnels :

Pour les fers

1/ le réglage en moment d’inertie constant conduira à une traction constante de chaque club sur les poignets  pendant le downswing et une même interaction au moment du désarmement. Ce réglage devra être réalisé au demi pourcent près, club par club, essentiellement par le réglage du poids de la tête et du shaft .

2/ le réglage en TLT (True Length Technology) agissant  sur la longueur et le loft de chaque fer permettra une posture constante à l’adresse et  des  lies ajustés de façon beaucoup plus sûre, au plus juste, et de façon dynamique.

3/ l’harmonisation des fréquences , qui consiste à analyser , à la poignée, au milieu et à l’extrémité (le tip)  les fréquences de chaque shafts d’une série , puis à les classer de façon croissante en fonction des fers à monter après avoir, le cas échéant, éliminé ceux qui présenteraient des écarts  trop importants, de manière à avoir un incrément de fréquences constant, tout en respectant le Moment d’Inertie visé.. Ce réglage contribuera à donner des réactions des shafts plus homogènes, comme le seront les sensations.

4/ et, pour les plus exigeants, la recherche du bon positionnement du shaft en oscillation linéaire. Il est certain qu’une même orientation pour tous les shafts ne pourra que contribuer à l’homogénéité de l’ensemble des clubs et donc à la précision du golfeur.

Pour le driver

On s’attachera à  déterminer,  tout d’abord,   la longueur du club, le shaft, le poids,  ainsi que l’équilibre permettant la plus grande régularité (frappe centrée, direction et angle d’envol homogène) et la meilleure vitesse à l’impact. Puis on recherchera  la tête permettant le meilleur angle d’envol tant horizontal que vertical, compatible avec l’angle d’attaque du golfeur, et procurant le minimum de spin, (ce dernier point passant toutefois beaucoup  plus par les caractéristiques propres du swing du golfeur). Après bientôt dix années d’expérience, et plus de 1000 drivers réalisés, il nous arrive toujours d’être stupéfaits par l’amélioration des résultats engendrés par la variation, non seulement d’un loft, mais aussi d’un moment d’inertie, d’un loft,  ou de la longueur d’un shaft.

                              Le loft idéal au drive

L’angle d’envol opltimal dépend de l’ensemble des facteurs balistiques à prendre en compte

(obusier allemand appelé la Grosse Bertha) 

Pour les bois  et hybrides

Il s’agira, avant tout, de constituer  le deuxième bois, c’est-à-dire celui qui permettra,  en toute sécurité, d’atteindre la meilleure distance depuis le fairway (rarement un bois 3…). Puis, les autres bois  seront échelonnés, par rapport au premier, en fonction de la vitesse de swing du golfeur et, bien entendu,  réglés au même moment d’inertie. En ce qui concerne les hybrides, qui ne sont pas toujours la solution miracle que l’on croit, tant s’en faut, ils pourront, en fonction du swing et de l’aptitude du golfeur, être réglés comme des fers, ou comme des bois, ou entre les deux. Le but de ces clubs intermédiaires sera de faire la jonction avec le plus long fer avec lequel  le golfeur  reste en sécurité. (L’abaissement régulier des lofts par certaines marques conduit souvent à s’arrêter au fer 6, voir en dessous)

Pour les wedges

On cherchera tout d’abord une continuité, en loft,  avec le fer le plus court de la série, ce qui n’est que très rarement le cas dans le standard, et on les règlera toujours en harmonie, avec cependant des moments d’inertie et des longueurs pouvant varier en fonction du jeu du golfeur. Les caractéristiques des têtes, essentiellement  leurs dessin, rebond et largeur de la semelle, seront examinées à la lumière des terrains pratiqués par le golfeur, de la nature des sables des bunkers où il joue,  et de son aptitude golfique. Les faces et shafts conduisant à l’optimisation du taux de spin seront par ailleurs souvent privilégiées.

Pour le putter

                                          Optimiser le putting

 

Comme on l’a vu récemment avec Jim Furik et son putter acheté 30 € directement dans un magasin, s’il est bien un club dans lequel la technologie joue un rôle mineur, c’est celui là. Ce qui va compter avant tout, c’est la bonne adaptation à la morphologie, longueur et lie permettant que les yeux soient légèrement sous  la balle, le putter étant posé à plat, l’aspect visuel, qui , comme le contact avec la balle, devra plaire et aider à un alignement régulier,  et un grip avec lequel on se sentira  bien et qui permet la meilleure connexion possible des mains.

Le loft, en fonction de l’angle d’attaque du golfeur et la position du shaft à l’impact est, quant à lui, déterminant dans l’obtention d’un bon roulement qui va déterminer la précision en distance et prise de pentes adéquates. Enfin, le bon équilibrage, en fonction du swing du golfeur, sera essentiel pour le maintien d’un rythme régulier au putting, condition sine qua non de son efficacité. Tous ces réglages ne peuvent être effectués qu’avec l’utilisation d’appareils de haute précision, tels que le Sam Putt Lab, qui permettent de juger des réglages à effectuer et des progrès statistiques qu’ils permettent réellement.

L’ensemble du sac

Le réglage et l’harmonisation de chaque club sont, nous l’avons vu, indispensables, mais la bonne composition du sac l’est tout autant. Le lecteur l’aura vu se dessiner tout au long de notre article, et des réponses précises devront être apportées aux questions suivantes :

1/ quel bois de départ, car ça ne sera pas toujours un driver ?

2/ quel  bois de fairway le plus long ? Quel loft ?

3/ quel fer le plus long, au loft le plus bas ?

4/ quels clubs  enter le fer le plus long et le bois de fairway le plus long ? (bois ? hybrides ?)

5/ quel échelonnement des lofts ?

6/ combien de clubs ? Pour bon nombre de golfeurs, en effet, soit que leur régularité soit insuffisante, soit que leur swing soit  lent, 14 clubs peuvent être non seulement inutiles, mais même gênants.

Et,  pour les perfectionnistes, il faudra également s’interroger sur les clubs à mettre dans son sac en fonction,  du parcours, de son dessin,  de la nature de ses fairways, de ses bunkers,  de ses greens, de la saison,  voir de l’altitude. Mais ceci est une autre histoire…

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