Le mythe supême

Posted on 19 Déc, 2011

La mère de tous les mythes à propos des clubs de golf

Il existe une sorte de croyance non dite, bien que répandue parmi les golfeurs, selon laquelle des procédés secrets, comparable à des recettes de grands-mères ou au savoir faire de maîtres de chais, feraient que telle tête de club, ou tel shaft serait intrinsèquement d’une qualité différente et inégalable.

Evidemment, rien n’est plus éloigné de la réalité.

Prenez, par exemple le cas du shaft : un shaft est déterminé par son poids, son équilibre, son torque, sa courbe de flexibilité depuis sa poignée (butt), jusqu’à son extrémité  (tip), sa ou ses arrêtes (spine). Sous la réserve que nous ferons plus loin, si deux shafts ont les mêmes caractéristiques techniques, leurs résultats seront les mêmes, quels que soient leurs couleurs, leurs marques et… leur prix qui pourra, pour le même shaft, varier de 1 à 10. Il existe cependant un phénomène connu par les spécialistes du marketing : une crème glacée identique, vendue sous deux emballages de couleurs différentes pourra donner des impressions gustatives différentes. Et bien, il peut en être de même pour les shafts. Et nous constatons ainsi que des shafts présentés comme nouveaux ont simplement vu leur cosmétique modifié…, et que les golfeurs les trouvent différents. Mystère du golf et des sensations…

En fait, hors ce phénomène,  lié à la nature humaine, tout cela est de la physique. Et cette physique, très bien maîtrisée par la plupart des fabricants, ne fait l’objet d’aucun brevet car elle est du domaine public.

Quant à la qualité de la  fabrication des clubs, il faut savoir que les marques ne fabriquent aucun de leurs composants. Elles confient ce soin à un petit nombre d’usines chinoises réputées pour leur sérieux et qui construiront les têtes pour la marque XX, bien connue comme pour YY, son concurrent aussi réputé. Au niveau de la fabrication, la différence se fera sur les tolérances de fabrication. Ainsi, les marques écoulant des très grandes quantités de clubs ne pourront imposer le même niveau de tolérance que celles qui sont plus sélectives. (C’est pour cette raison qu’il est utile de toujours faire vérifier les lofts des fers des séries standard)

On comprendra, dans ce contexte, l’importance du marketing,  car c’est  sur lui seul que peuvent  compter les marques à grande diffusion pour faire la différence. Et ce marketing puise ses arguments à deux sources : la première est celle de l’industrie des produits de luxe et de mode, la seconde est celle de l’industrie informatique, symbole d’un progrès technologique très rapide et incessant. Or, dans le matériel de golf, contrairement à l’informatique, le progrès technologique ne peut être que très marginal car, comme il ne faut jamais le perdre de vue, il est limité par les règles édictées par les instances que sont l’USGA (United States Golf Association) t le R & A (Royal and Ancient Saint Andrews Golf Club), et les limites fixées sont déjà atteintes ou très proches de l’être.

Cette primauté du marketing a des effets pervers évidents. En effet, comme n’importe quel bon ouvrage sur le sujet l’enseigne, la possibilité d’avancées technologiques pouvant être protégées étant exclue, seule une force de frappe marketing supérieure, donc une puissance financière supérieure, donc des ventes plus importantes, peuvent permettre d’envisager de l’emporter sur ses concurrents. Conclusion :  il faut vendre chaque année toujours plus,  et, pour ce faire,  convaincre, par tous les moyens, les golfeurs que le dernier club sorti surpasse totalement l’avant dernier, et occuper les linéaires des magasins pour laisser le moins de place possible aux concurrents.

Les conséquences de ce cercle infernal sont que les golfeurs, au lieu de chercher à améliorer leur swing, et l’adaptation de leur clubs tant à ce dernier qu’à leur morpholgie,  dépensent régulièrement, très souvent en pure perte, des sommes considérables dans du nouveau matériel et que les détaillants, qui ont dû faire des commandes d’avant saison importantes pour bénéficier de rabais, mais, en fait, pour satisfaire le besoin impératif des marques  d’occuper les linéaires , n’ont pas d’autre solution, une fois la saison lancée, que de faire à tout prix sortir ces clubs de leurs magasins en les recommandant à leurs clients comme étant les plus indiqués pour eux…. Qu’on ne s’étonne pas, dans ces conditions, de l’amélioration insignifiante du niveau moyen des golfeurs au cours des vingt dernières années !

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