Le fitting, pour qui ?

« Un réglage précis et personnalisé des clubs s’adresse à tous les golfeurs, et pas seulement aux professionnels et aux index à un chiffre”  Tiger Woods

 

DES CLUBS SUR MESURE  POUR QUI  ? 

 

Mais ne devrait-on pas plutôt se demander : des clubs standard, pour qui ?

La réponse que l’on entend la plupart du temps apporter à la question des clubs sur mesure est : pour ceux qui ont déjà un très bas index, ou un swing très régulier. Autant dire que des lunettes adaptées ne sont nécessaires que pour qui lit Rabelais dans le texte, et que les autres peuvent se contenter de loupes…

Mais le simple fait de se poser cette question montre à quel point nous sommes mentalement formatés.

En effet, se poserait-on la question de savoir pour qui il faut des chaussures à la bonne taille, ou des lunettes réglées par un opticien, ou encore, comme l’a dit un internaute, s’il est nécessaire d’acheter des pantalons à sa taille, tant qu’on grandit encore !

 

                                                                    

Mais il est vrai que si l’on se pose la question « des clubs standard pour qui ? »  on va à l’encontre des idées reçues. En effet, meilleure est la technique du golfeur, plus il peut se contenter de clubs standard pour très bien jouer. Et le golfeur de haut niveau saura rapidement s’adapter à n’importe quel matériel et profitera beaucoup moins, en valeur absolue, de clubs sur mesure que le golfeur débutant, moyen, ou même assez bon. Ceci, pour une raison très simple. La qualité d’un swing se mesure avant tout à la faculté qu’a le golfeur de le répéter de shot en shot. Concrètement, cette régularité se traduira sur le terrain, par une faible dispersion autour d’un point central. Les statisticiens diront que « la dispersion des coups d’un bon golfeur est caractérisée par un faible écart probable », (cet écart étant celui qui a une chance sur deux de ne pas être dépassé). Ainsi, imaginons un très bon golfeur dont l’écart probable au fer 7 serait de 2 mètres. Que lui apporterait une amélioration de sa précision de 50 %, ce qui serait un formidable ? Et bien ce serait 1 mètre ! Son jeu en sera-t-il dramatiquement changé ? Certainement pas. Alors que pour le golfeur dont l’écart probable est de 10 mètres, le réduire à 5 mètres changera tout : la proportion des coups qu’il mettra sur le green augmentera de façon spectaculaire et son score suivra aussitôt.
LE SWING OU LES CLUBS ?                                                                                        

Le débat autour de ce qui compte le plus du swing ou des clubs est souvent relancé, mais il n’a pas beaucoup de sens. En effet, le niveau de jeu de tout golfeur est fonction de deux variables essentielles : 1/ son niveau de swing, 2/ le niveau d’adaptation de ses clubs. Ainsi, avec une demie série standard pour débutant, Phil Mickelson écraserait vraisemblablement à peu près tous les amateurs français. Mais il est certain que l’écart se creuserait considérablement si Phil jouait avec les clubs qu’il utilise normalement et qui on été créés pour lui. Et bien sûr, il est évident que si l’on prenait maintenant un golfeur de, disons, 24 d’index, avec un ensemble de clubs parfaitement adaptés à son jeu, et que ce golfeur décidait d’améliorer son swing en prenant des leçons, son jeu progresserait encore…, jusqu’au moment où, pour aller plus loin, il faudrait, à nouveau, effectuer un réglage de ses clubs et réexaminer son sac. Ainsi, il est clair qu’il n’y a pas opposition entre le swing et les clubs, mais complémentarité, et qui veut obtenir le meilleur de son jeu, doit à la fois travailler son swing et s’assurer que l’ensemble de ses clubs lui sont parfaitement adaptés et qu’ils sont harmonisés entre eux.

 

A la décharge de ceux qui pensent que « les clubs  sur mesure ne sont utiles qu’aux très bons golfeurs », il faut cependant dire que, jusqu’à une époque très récente, les clubmakers se contentaient d’assembler les clubs, avec, bien sûr, le plus de précision possible, mais en tenant compte uniquement de la morphologie du golfeur et du shaft qu’il avait choisi par essais successifs, et en effectuant des réglages très fins, tels que le « Frequency Matching » (harmonisation des fréquences) ou le montage en « Flat Line Oscillation » (montage des shaft en oscillation linéaire) dont seuls les très bons golfeurs peuvent ressentir les effets. Ce n’est qu’avec les récents travaux et ouvrages de Tom Wison, « The Search for the Perfect Golf Club » (La recherche du club parfait) et « Common Sense Clubfitting » (Le clubfitting de bon sens) , que le travail du clubmaker a pris une autre dimension et peut maintenant s’adresser aux golfeurs de tout niveaux.


LES OBSTACLES AUX DEVELOPPEMENT DES VERITABLES CLUBS SUR MESURE.

Il faut bien dire cependant que le développement des clubs sur mesure réalisés par de véritables professionnels est confronté à de nombreux obstacles dont le principal est la puissance de communication des marques grand public qui n’ont que peu d’intérêt objectif à voir se développer cette discipline. En effet, à partir du moment où l’on est convaincu que c’est le bon réglage individualisé des clubs qui compte, tout l’effort pour valoriser telle ou telle marque s’efface, pour le golfeur, devant la compétence et l’expérience de celui qui va régler ses clubs.

 

On est alors devant la même situation que celle du médecin et des médicaments génériques : le patient est beaucoup plus intéressé par la confiance qu’il a dans son médecin à prescrire le remède comportant les molécules qui le guériront que dans la marque qui figurera sur l’emballage de ces médicaments.

Mais il y a aussi d’autres objections qui viennent, souvent, d’une méconnaissance du fonctionnement de l’industrie du golf.

Ainsi, entend-on souvent dire que, du fait de leurs moyens important, les grandes marques ne peuvent que faire de meilleurs produits.

Or, Il faut savoir, à ce sujet, que plus aucune marque grand public ne fabrique elle-même ses têtes de clubs, ses shafts ou ses grips. Pour les shafts, c’est devenu évident, mais prenons les têtes. Celles-ci sont toutes fabriquées, pour les marques les plus connues, par un petit nombre d’usines, appelées fonderies, pour la plupart chinoises, qui fabriquent pour les uns et les autres, et qui produisent également les composants qu’utilisent les meilleurs clubmakers. Ce qui compte alors c’est la qualité du design de la tête, de son architecture, celle des matériaux utilisés, la définition des micro éléments, tels que la taille de la face d’un driver, et les tolérances de fabrication imposées à la fonderie. Ne nous méprenons pas, il n’y a pas, dans l’industrie du golf d’importants services « recherche et développement » et tout tient dans la compétence, le savoir faire, l’expérience et, parfois , le génie, du designer, véritable architecte du club. Et, à cet égard, les noms de club designers tels que Katsuhiro Miura, dont la qualité du forgé est incomparable, ou Tom Wishon, sont universellement respectés, et les caractéristiques de leurs produits exceptionnelles. Les fabrications des marques telles que KZG, Maltby, Epon ou Vega, sont également d’un haut niveau de qualité.

Parmi les autres obstacles au choix du sur mesure on pourra aussi citer, le désir de s’identifier à telle ou telle marque, à tel ou tel golfeur, le besoin de ne pas trop se différencier du groupe auquel on appartient, mais aussi la crainte, si l’on ne se transforme pas en champion aussitôt après s’être équipé en sur mesure, de se faire chambrer par ses camarades de jeu, et puis, aussi, celle bien réelle de ne plus avoir d’excuse lorsque l’on ne joue, malgré tout , toujours pas aussi bien qu’on croît le mériter et que le swing a vraiment besoin d’être revu.

Certains golfeurs se demandent également pourquoi on ne voit pas sur le Tour les marques utilisées par les clubs makers. La réponse se trouve dans le mécanisme même du marché des clubs de golf grand public. En effet, pour avoir un grand champion qui joue avec sa marque, il faut dépenser énormément d’argent et soutenir, avec ses concurrents qui tenteront de vous ravir ces meilleurs noms, une course ruineuse et sans fin à la part de marché. Il devient alors indispensable de développer sans arrêt ses ventes, en cherchant, notamment, à convaincre les golfeurs de renouveler toujours plus vite leur matériel, ce qui est aux antipodes même de l’objectif des bons clubmakers et, disons-le, de l’intérêt des golfeurs.

Une autre croyance, enfin, est que les clubs sur mesure sont beaucoup plus chers que les clubs standard ou fittés des marques grand public. Ceci est, généralement, inexact, la raison de fond en étant que les clubs sur mesure ne supportent  pas les énormes coûts de  marketing exposés par les marques de grande diffusion. En revanche, il est vrai que remonter en sur mesure une série existante de marque grand public sera onéreux, puisqu’il faudra alors la démonter, trouver à réutiliser ses shafts, ce qui ne sera pas toujours facile, puis  la remonter avec les bons réglages.