Un atelier d’un clubmaker/clubfiiter professionnel se reconnait au premier coup d’oeil. En effet, n’y seront pratiquement mis en avant les clubs des marques grand public bien connues. Car, un tel professionnel vend, avant tout , son savoir faire, son expérience et sa propre réputation.
En traduction littérale, un clubmaker , est quelqu’un qui « fait » des clubs de golf.
Mais quelle différence y-a-t-il alors, en dehors du volume, entre un magasin qui vend les clubs de grands fabricants , produisant des centaines de milliers de clubs par an, et qui ne vit que du renouvellement continuel de leur matériel par ses clients, renouvellement auquel il ne cesse de pousser, essentiellement via un discours fallacieux, et souvent trompeur, sur de supposées continuelles avancées technologiques, ,et un artisan qui en monte quelques centaines chaque année ?
Et bien, c’est tout d’abord une question de philosophie et d’éthique.
Une philosophie différente :
Une entreprise telle que celles qui produisent les clubs des marques les plus connues est, toujours, une entreprise cotée en bourse, ou filiale d’une telle société , dont les actionnaires sont avant tout des groupes financiers et qui, on ne peut le leur reprocher, car ils sont là pour ça, recherche chaque année à maximiser profits et croissance, condition même de sa survie. La logique implacable qui anime ces entreprises, et par voie de conséquence, ses distributeurs, est avant tout financière et obéit à des règles que ne nous sommes pas là pour remettre en cause, mais qui ont indiscutablement des effets pervers.
Certes, un club maker est lui aussi un entrepreneur, mais un entrepreneur individuel, un artisan qui cherche à vivre de son métier, on pourrait même dire de son art, et c’est avant tout un passionné dont la satisfaction se trouve, chaque jour, dans l’approfondissement de ses connaissances techniques, dans l’analyse du geste d’un golfeur, puis dans l’élaboration d’un club, ou d’un ensemble de clubs dont ce golfeur viendra lui dire qu’il a vraiment changé son plaisir et son jeu. C’est la seule raison d’être du club maker. S’il ne parvient pas à cela, il n’a plus de raison d’être.
Cette vision à des conséquences éthiques incontournables.
En particulier, un clubmaker/clubfitter professionnel se doit de renoncer à vendre pour vendre et, notamment, à vendre des clubs qui, pour une raison ou une autre, dont en particulier un niveau de swing insuffisant , ne seraient d’aucun apport à son client ou même risqueraient de lui nuire. On pourrait ainsi faire un parallèle entre le serment d’Hippocrate que prêtent les médecins et l’éthique du club maker : avant tout ce dernier doit éviter d’empirer le mal et ne doit agir que s’il a la conviction intime, fondée sur des critères techniques précis, que les clubs qu’il créera amélioreront le jeu de son client.
Un un clubmaker/clubfitter professionnel est un artisan, à la capacité de production limitée par le temps qu’il passe personnellement à l’ouvrage. A ce titre, la croissance qu’il peut espérer , et qui est forcément limitée est, pour lui, la sanction de la qualité de son travail et de la réputation personnelle qui l’entoure, beaucoup plus que celle d’un habile et puissant marketing.
Et, contrairement à une marque de clubs de grande diffusion et à ses distributeurs, dont l’objectif est de renouveler le plus rapide possible l’équipement de leurs clients, le un clubmaker/clubfitter professionnel, lui, a atteint son but quand ses clients conservent durablement les clubs qu’il a assemblés pour eux.
Les techniques du clubmaker et l’apparition du clubmaker / clubfitter
Il faut distinguer dans la technique du club maker deux disciplines bien distinctes :
1/ le club fitting, c’est à dire l’analyse du swing , des trajectoires et du jeu du golfeur, suivant des méthodes précises, et qui conduit à la prescription des clubs , avec toutes leurs caractéristiques techniques (40 critères de réglage),
2/ le clubmaking , qui est l’assemblage des composants en vue de la constitution des clubs prescrits,.
Ces deux disciplines font appel à des connaissance différentes : la première fait essentiellement appel à la balistique et à la mécanique, en ce compris la bio mécanique du swing, la deuxième aux techniques d’assemblage , d’usinage et d’équilibrage des matériaux.
Jusqu’à une époque récente, seule les techniques d’assemblage, en fonction de la morphologie du golfeur, étaient celles du clubmaker.
Le représentant le plus connu de l’enseignement de ces techniques était la PCS « Professional Clumaker Society », aux Etats Unis, mais dont tant les méthodes figées que l’absence d’ouverture vers celles du clubfitting, conduisirent à la dissolution en 2008.
Et ce n’est que depuis quelques années, sous l’impulsion, tout particulièrement, de Tom Wishon, mais également d’autres clubsmakers / clubfitters américains de renom tels que Keith Chatham, Roy Nix, Dana Upshaw, Dave Tutleman et d’autres, que l’aspect analyse du jeu en vue de l’optimisation du matériel a pris son essor et est devenue prédominante en raison des exceptionnelles avancées qu’elle a permis dans l’adéquation des clubs au swing.
Comment devenir clubmaker/clubfitter ?
Il n’existe pas de voie unique. La connaissance du swing qu’ont les pros de golf, à la condition d’être complétée par une formation à la balistique et à la mécanique des clubs est , à l’évidence, parfaitement adaptée à l’analyse du swing et la prescription des spécifications techniques des clubs. A cet égard, une formation d’ingénieur, notamment en balistique et mécanique est aussi, sans nul doute, particulièrement adaptée, l’approfondissement des connaissances spécifiques pouvant se faire grâce à la littérature, essentiellement américaine, publiée sur le sujet, dont, en particulier, le livre référence de Tom Wishon, « Common Sense Clubfitting », et par la participation aux différents stages proposés par des associations telles que l’AGCP (Association of Golf Clubmakers professionals), ou l’ICG ( International Clubmaker Guild) qui sont totalement indépendantes, ou des fabricants tels que Golfsmith ou Golfworks. Mais, comme dans d’autres disciplines, l’expérience et l’actualisation permanente des connaissances au cours de séminaires annuels et d’échanges permanents avec un cercle aussi large que possible d’autre clubfitters /clubsmakers est une nécessité pour qui veut se maintenir au meilleur niveau de cet art passionnant et fascinant qu’est le clubfitting/clubmaking professionnel.
Certificats et labels
La qualification de clubmaker / clubfitter, ne faisant l’objet d’aucune réglementation, quiconque possédant un établi, une scie, une règle, et de la colle epoxy peut se parer de cette appellation. Ainsi de plus en plus quelques distributeurs traditionnels de matériel, la consédérant comme vendeuse, n’hésitent pas à s’en parer. Mais il s’agit là de ce que ce que les professionnels américains appellent les « cut and glue guys », autrement dit, ceux qui coupent et qui collent.
Quant aux labels et certificats, il peut être difficile de se former une opinion sur leur vraie valeur.
Certains de ces labels professionnels, ne sont, en effet, que des artifices marketing créés par d’inventives marques de composants et décernés exclusivement à leur détaillants, directement ou au travers d’associations paravents. Il en est ainsi du bien connu label « World Top 100 clubfitters », émanation directe du fabricant KZG, proposant au demeurant de fort bons produits, via sa propre créature, l’IPAC, label exclusivement délivré aux assembleurs de têtes KZG réalisant un chiffre de vente minimum des produits de cette marque.
D’autres sont attribués par des distributeurs de matériels, tels que Diamond Golf, avec la « DGI Academy » proposant de très brèves initiations à leur clients pour leur permettre de démarrer et… de leur passer des commandes
Reste la multitude de certifications de marques, telles que Accra, KBS, Rifle etc… qui ne signifient rien d’autre que le fait leurs attributaires distribuent lesdites marques et ont , le cas échéant, suivi une formation rapide sur leurs produits.
Aussi, le golfeur en quête d’un clubmaker n’aura-t-il d’autre choix que de faire sa propre enquête et devra , à propos de ses interlocuteurs s’interroger sur :
– leur formation, générale, et au clubmaking /clubfitting,
– leur expérience,
– l’actualisation de leurs connaissances,
– leurs équipements,
– leurs méthodes, les avantages et les limites de ces méthodes,
– leurs références et réputation
A cet égard, la formation, comme le patronage, par un clubmaker reconnu peut être une excellente référence.